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aussi à Mathilde, qui avait été pour moi une sœur… ma vie a été bien coupable… ma fin est criminelle… je suis maudite par vous… mon père apprendra ma mort sans regrets… le monde dira que je suis justement punie…

— Oui… oui… justement punie — répéta madame Sécherin d’une voix dure et légèrement altérée.

— Je ne dis pas cela pour me plaindre… seulement, Madame… vous si sévère… mais si équitable… songez… que toute petite… j’ai été confiée à la plus méchante des femmes… Oh ! par pitié, songez que pendant mon enfance, pendant ma jeunesse, cette femme a développé en moi les plus mauvais penchants : la haine, la jalousie, l’hypocrisie…

— Votre cousine… aussi a été élevée par cette abominable femme… comparez sa vie à la vôtre !

Ursule ne me laissa pas le temps de répondre et reprit doucement, pendant que son mari l’écoutait dans une sorte de douloureuse adoration :

— Mon naturel était aussi mauvais que celui de Mathilde… était bon : c’est pour cela que