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pour mériter un jour l’estime austère de M. de Rochegune, et il me l’aurait accordée… à moi qui, grâce à lui, serais partie de si bas pour arriver si haut.

— Pauvre… Pauvre Ursule ! — lui dis-je avec un intérêt navrant.

— Oh ! que vous êtes généreuse de me plaindre, Mathilde… N’est-ce pas qu’il est horrible de mourir !… si jeune avec un tel avenir sous les yeux… de mourir abandonnée, méprisée… détestée de tous… lorsqu’on aurait pu vivre aimée, respectée ? N’est-ce pas que cela est affreux et que c’est une terrible punition du ciel ?

L’infortunée, épuisée par cette dernière émotion, ne put achever, sa voix s’altéra ; elle tomba en faiblesse…

Depuis le commencement de cet entretien, mon aversion contre Ursule s’était presque évanouie devant la pitié qu’elle m’inspirait.

L’amour qu’elle ressentait pour M. de Rochegune avait quelque chose de si touchant, de si élevé, il se manifestait en elle par une si haute pensée de réhabilitation, que je ne pouvais que déplorer avec cette malheureuse