un jour… dans bien longtemps, quand j’aurais eu prouvé que j’étais devenu honnête et bonne… j’aurais peut-être osé dire à cet homme dont l’influence m’avait faite ainsi : — J’étais une créature indigne et misérable… je vous ai aimé… vous ne l’avez jamais su… mais cet amour ignoré m’a donné les vertus que je n’avais pas… Il y a en vous quelque chose de si grand… que de vous aimer… même en secret, c’est vouloir être digne de vous… Depuis que votre pensée est venue épurer mon cœur, tout ce qui m’entoure m’aime et me bénit… — Mais malheur à moi… il est trop tard… — s’écria-t-elle — vous voyez bien, il est trop tard…
— Ah ! c’est affreux… — m’écriai-je. — En effet, cette réhabilitation eût été belle et grande.
— Oh ! n’est-ce pas, n’est-ce pas… qu’elle eût été belle et grande ? — reprit Ursule avec exaltation. — Vous me connaissez, Mathilde… vous savez si j’ai de la volonté, de l’énergie… Eh bien, cette volonté, cette énergie, je l’aurais appliquée au bien… j’aurais été capable de tous les dévouements, de tous les héroïsmes… pour refaire à mon mari une vie heureuse et douce…