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J’attendais avec impatience le mariage de M. de Rochegune. Alors je comptais me retirer à Maran, que Madame de Richeville avait racheté sous son nom ; je lui avais aussi confié mes diamants qui me venaient de ma mère, ils valaient, je crois, plus de cinquante mille écus. Mon mari avait tout tenté pour me forcer de les lui livrer ; j’avais toujours résisté ; comptant en faire un jour le prix de notre séparation légale.

S’il acceptait, comme je devais le croire, il ne me serait alors que trop facile de dire et de faire croire que M. de Lancry s’était lassé de la vie que nous menions, et que j’avais été encore une fois dupe de mon dévouement. On ne s’intéresserait pas sans doute à une victime aussi stupide que je l’étais, mais je me consolerais en rompant enfin mon horrible chaîne.

Un fait assez insignifiant en lui-même me fit prendre une résolution qui eut plus tard de funestes conséquences.

Depuis quelque temps rien ne me faisait soupçonner la funeste influence de M. Lugarto, lorsqu’un jour je crus m’apercevoir de quelque dérangement dans le classement d’une