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me disait-elle — ta croix est lourde ; courage, un pas encore, et tu auras gravi la dernière cime de ton calvaire…

« Alors… de là… du haut de ton renoncement sublime, comme le Christ du haut de sa croix, placée entre les hommes et Dieu, tu contempleras au-dessous de toi cette enfant que tu auras sauvée, sa mère qui te bénira… Quant à l’homme si digne de toi, que tu aimais si dignement… tu diras en cachant tes larmes… s’il savait

« Courage… oh ! il faut une résolution plus qu’humaine pour ceindre ainsi volontairement la couronne saignante d’un martyre ignoré. Mais aussi quel baume épandront sur tes blessures les ineffables, les maternelles consolations de ta conscience !

« Oh ! tu ne sais pas encore, pauvre femme, ce que c’est que d’avoir acquis, à force de sacrifices, le droit de pleurer sur soi !

« Oh ! tu ne sais pas la pieuse douceur de ces larmes saintes et fécondes… Tu ne sais pas avec quel miséricordieux orgueil on les sent couler en sachant que d’autres les ver-