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je n’aurais pas trouvé une parole… — J’avais la fièvre, mes joues étaient empourprées. — Il prenait plaisir à m’entendre, parce que je lui faisais l’éloge de Mathilde… cet éloge me brûlait les lèvres, mais je suis devenue éloquente pour la louer davantage encore. — Je l’ai vu sourire avec mépris et aversion quand j’ai prononcé mon nom. — Pour lui plaire encore, j’ai flétri avec indignation l’infamie de ma conduite ; je n’ai pas trouvé d’expressions assez amères pour m’accuser… — Oh ! cette amertume désespérée, je la ressentais ; jamais je n’avais plus douloureusement mesuré la distance infranchissable que le passé mettait entre moi et cet homme sublime.

§

Et puis, en m’entendant exalter ainsi ce qu’il chérissait, maudire ce qu’il détestait, il paraissait si heureux… — Oh ! en ce moment, il m’aurait dit d’aimer Mathilde que je crois que je l’aurais aimée. — Et lui, que d’esprit ! que de grâce ! que de génie ! quelles pensées fières ! — Ce caractère hardi applique aux