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Je ne veux plus rester dans la maison de mademoiselle de Maran. — Ce luxe me révolte ; — je voudrais pouvoir me cacher à tous les yeux. — Pour jouir de ce luxe, je me suis vendue comme une infâme. — Les malheureuses que le besoin conduit à leur perte sont des anges auprès de moi. — Je hais la lumière du jour, il me semble que dans l’obscurité je sens moins mon ignominie. — Comme il l’aime… comme elle l’aime ! — Quelle générosité ! quelle fierté ! quel courage ! Quelle auréole d’honneur, de patriotisme, de loyauté chevaleresque, rayonne autour du noble nom de cet homme ! — À cette seule pensée je suis éblouie. — Et Mathilde, comme on l’aime aussi… comme on l’approuve, comme on l’admire de l’aimer autant ! — Comme le rapprochement de ces deux belles âmes est magnifique ! que leur amour est pur et grand !… — Et ce Gontran… ce Gontran qui les raille… le misérable… Est-ce qu’il peut comprendre ?… Dieu merci, il ne les comprend pas…