Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

§

Rien de moins romanesque que ma rencontre avec cet inconnu. Je traversais les Tuileries à pied. Arrivée dans l’un des quinconces, je vis devant moi un homme qui marchait lentement. Sa taille, sa tournure, m’avaient déjà paru remarquables ; il se retourna comme s’il se fût trompé de chemin par distraction. Alors, oh ! alors… À son aspect, je n’ai pu m’empêcher de m’arrêter. — Il ne m’a pas aperçue… il s’est éloigné. Il n’était plus là que je le contemplais encore.

§

Quel est cet homme ? — Quel est cet homme ? Je ne l’ai jamais vu dans le monde. — Il n’importe… je sais qu’il existe… — Le reverrai-je jamais ? — Oui… oui, je ne l’aurais pas rencontré sans cela. — Il existe ; cela explique, cela justifie mes mépris pour tous les hommes. Oui, pour tous… ceux-là même qui se sont cru des droits sur moi ne sont-ils pas ceux que j’ai le plus abreuvés de dédain et d’outrage ? — Ont-ils eu, non pas de l’empire, mais la