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Dans la scène d’amour ce comédien a eu un moment d’admirable expression ; il n’a pas sournoisement larronné le baiser qu’il prend à la jeune fille, il l’a enlevé en maître, avec audace… avec une fougue presque brutale…

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En sortant, comme je louais beaucoup Stéphen (c’est le nom de ce comédien), tandis que la princesse Ksernika l’attaquait comme elle peut attaquer, la pauvre femme, M. de Lancry ne s’est-il pas avisé de me faire observer, avec la plus respectueuse mesure, il est vrai, que je défendais peut-être Stéphen un peu chaudement… — J’ai regardé fixement M. de Lancry de mon regard noir… — Il a compris sa faute… — Il était trop tard… J’ai souri de mon plus doux sourire, et m’appuyant coquettement sur son bras, je lui ai dit tout bas… bien bas, que j’écrirais le lendemain matin à Stéphen pour lui demander de me donner des leçons de déclamation, l’envie d’apprendre à jouer la comédie m’étant venue subitement.