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rait que difficilement à l’empire qu’elle a sur moi… Mais quel empire !

« Après la lettre qu’elle m’avait écrite et qui fut surprise par son mari, elle aurait dû être très embarrassée lors de sa première entrevue avec moi. Il n’en fut rien ; malgré ce que vous appelez ma rouerie, je fus plus gêné qu’elle. Cela ne vous étonnerait pas si vous connaissiez la trempe de ce caractère, la souplesse, l’audace, la supériorité de cet esprit.

— « Pensez-vous réellement tout ce que vous m’avez écrit ? lui dis-je avec amertume.

« Elle se prit à rire, car cette femme rit toujours, et me répondit :

— « Êtes-vous de ces gens aveugles qui confondent le présent et le passé ! Ce qui était vrai hier ne peut-il pas être faux aujourd’hui, et ce qui était faux hier ne peut-il pas être vrai à cette heure ! Ne vous occupez donc pas de pénétrer si j’ai pensé ou non ce que je vous ai écrit dans des circonstances différentes de celles où je vous revois. Vous m’aimez, dites-vous ; faites donc que je vous aime, ou que je semble vous aimer. Me forcer à feindre un sentiment que