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la torture et éveillait en moi toutes les fureurs de la jalousie.

« Mademoiselle de Maran subit elle-même l’influence de cette femme séduisante ; car elle ensorcelait tout ce qui l’approchait, toujours égale, câline, flatteuse, insinuante avec les femmes, avec les hommes : elle était tour à tour fantasque, brusquement provocante, ou d’une indifférence glaciale ; grâce à ce manège elle avait fini par passer pour énigme vivante, et pouvoir tout risquer, tout oser impunément.

« Contraste étrange ! cette femme, qui jouissait sans scrupules de toutes les dépenses qu’au nom de mademoiselle de Maran je faisais pour elle, me traita avec la dernière dureté, avec le plus outrageant mépris, parce qu’une fois je voulus lui offrir quelques bijoux pour sa fête.

« En y réfléchissant, cela ne m’étonna pas. Ursule est remplie de tact : on sait qu’elle est pauvre, le moindre luxe personnel l’eût compromise : elle s’est donc créé une mode à elle, à la fois de la dernière simplicité et d’une extrême élégance. Elle a un cou si charmant,