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des concerts excellents, et au printemps des soirées champêtres dans son immense jardin, où j’avais fait des prodiges.

« L’hôtel de Maran devint la maison la plus agréable, la plus recherchée de Paris. Mademoiselle de Maran avait de plus une loge à l’Opéra et une aux Bouffons, le tout au moyen des éternels quarante mille francs qu’elle me donnait annuellement.

« Lorsque je lui rendis ses comptes, au bout de la première année, elle se mit à rire aux éclats, déclara que j’étais un enchanteur, et me supplia de continuer d’être son intendant. J’avais dépensé plus de dix mille louis. Il est inutile de vous dire qu’Ursule était la reine de ces fêtes, données pour elle et presque par elle, car elle en faisait les honneurs avec une grâce exquise, une dignité non pareille. Elle était devenue une excellente musicienne. Dans les concerts de l’hôtel de Maran elle montra un talent du premier ordre. Bientôt on ne parla que d’elle, de son esprit brillant et hardi, de sa gaîté, spirituelle et moqueuse, surtout de son audacieuse coquetterie, qui me mettait à