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vreté, malgré la hardiesse de ses principes, l’effronterie de son caractère, elle était, par un bizarre mélange d’orgueil et d’indépendance, incapable de certaines bassesses.

« Pourtant le meilleur moyen de m’imposer à elle, de la dominer autant qu’on peut la dominer, était de la mettre à même de mener cette existence splendide, le rêve de toute sa vie, et cela sans froisser sa susceptibilité souvent très ombrageuse.

« Pour concevoir la détermination que je pris alors, il faut vous rappeler que jamais je n’ai hésité entre une somme d’argent si considérable qu’elle fût et un désir si insensé qu’il fût aussi ; il faut surtout vous convaincre que j’aimais, que j’aime encore Ursule avec toute l’ardeur, toute la rage d’un amour irrité, contrarié, inquiet, toujours inassouvi…

« Maintenant, tel est le problème que j’avais à résoudre : — Me rendre indispensable à Ursule en l’entourant de toutes les jouissances, de toutes les splendeurs imaginables, sans que sa délicatesse pût s’offenser, surtout sans que le monde pût jamais pénétrer ce mystère.

« L’avarice de mademoiselle de Maran, sa