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tendre qu’à une pâle estime ou à une compassion dédaigneuse. Du moins j’avais la consolante conviction de n’avoir jamais failli à mes devoirs ; je puisais dans ce sentiment une sorte de dédain amer dont je flétrissais à mon tour le jugement du monde et l’égarement de mon mari.

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Je ne saurais dire mon découragement, ma stupeur, lorsqu’après ma longue maladie je me trouvai seule, pleurant mon enfant mort avant de naître.

La fin tragique de M. de Mortagne, mon unique soutien, rendait mon isolement plus pénible encore.

Tant que dura l’hiver, je souffris avec une morne résignation ; mais, au printemps, la vue des premiers beaux jours, des premières fleurs, me causa des ressentiments pleins d’amertume : le sombre hiver était au moins d’accord avec ma désolation ; mais lorsque la nature m’apparut dans toute la splendeur de sa renaissance, mais lorsque tout recommença à vivre, à aimer, mais lorsque je sentis l’air tiède, embaumé des premières floraisons, mais lorsque