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donner aucun conseil avant de savoir la fin de mon histoire. Écoutez donc[1].

« Dévoré de jalousie en apprenant qu’Ursule était à Paris entourée d’adorateurs ; voulant à toute force ressaisir mes droits, malgré le peu d’espoir que devait me laisser la lettre insolente qu’elle m’avait écrite, et qui était tombée entre les mains de son mari, je quittai Maran. J’abandonnai ma femme, j’arrivai ici.

« Je trouvai Ursule toujours belle, railleuse, fantasque et fière. Lorsque je voulus lui parler de mon bonheur passé, elle m’accabla de moqueries ; je me contins, j’avais mon projet.

« Mademoiselle de Maran, tante de ma femme, me reçut à merveille ; je vous ai dit sa haine contre Mathilde, cela vous aidera à comprendre ce qui suit. Je connaissais Ursule : elle avait un goût effréné pour le luxe et pour les plaisirs, et pouvait beaucoup sacrifier à ce goût ; mais je savais aussi que, malgré sa pau-

  1. La première lettre contenait sans doute le récit de la vie de Gontran jusqu’au moment où il vint rejoindre Ursule à Paris.