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indépendante ; aussi bientôt mademoiselle de Maran ne fut plus délaissée. Ursule, plus jolie, plus effrontément coquette que jamais, se vit entourée d’une cour nombreuse.

M. de Lancry instruit de tout ce qui se passait, par un homme de confiance qu’il avait envoyé à Paris, perdit la tête de jalousie. Ce fut alors qu’il m’abandonna pour aller rejoindre Ursule.

Ce qu’il me reste à dire paraîtra sans doute bien ignoble… Malheureusement, en avançant dans la vie, j’ai été assez fréquemment témoin d’ignominies pareilles. Que chacun interroge ses souvenirs, et il reconnaîtra que les faits que je vais signaler n’ont rien d’exagéré, rien d’impossible ; et qu’au contraire ils sont plutôt remarquables par une sorte de délicatesse assez rare dans ces indignités.

Ursule aimait passionnément le luxe, l’éclat, les plaisirs, les fêtes ; elle ne trouvait pas cette vie splendide chez mademoiselle de Maran. Ma tante, assez riche pour recevoir noblement, était plus loin que jamais de penser à donner des bals, à prendre des loges aux grands théâtres, à avoir enfin un état de maison plus