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dans son exclamation, elle me répondit naïvement que non, qu’elle les plaignait profondément, mais qu’en ce moment elle n’y avait pas songé : à la vue de la neige, son cœur s’était douloureusement serré sans qu’elle sût pourquoi ; mais cette impression était déjà effacée.

Une autre fois, devant sa mère et moi, je ne sais plus à quel propos on parla d’hirondelles.

Les yeux d’Emma se remplirent de douces larmes ; elle nous dit avec un sourire angélique :

— Je ne sais pourquoi, en entendant parler d’hirondelles, je me suis sentie délicieusement émue, pourquoi j’ai eu envie de pleurer.

Enfin, un jour que des soldats passaient devant la maison au son du clairon, Emma se leva droite, fière, l’œil brillant, la joue animée, prêta l’oreille à ce bruit guerrier avec une telle exaltation que sa charmante figure prit tout-à-coup une expression héroïque.

Les clairons passèrent, le bruit s’affaiblit. Emma regarda autour d’elle avec étonnement, se jeta rouge et confuse dans les bras de ma-