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aucune de ses impressions ; elle n’avait pas dit à madame de Richeville la cause de sa vague tristesse au sujet de sa mère, parce qu’elle avait senti que cet aveu devait être pénible pour celle qui l’avait entourée de soins maternels.

Je pressentais donc qu’Emma me cachait quelque chose, mon par fausseté, mais par ignorance, mais parce qu’elle ne pouvait ni s’expliquer ni préciser plus que moi la cause de certaines bizarreries qui m’avaient frappée.

Ainsi, lorsque l’hiver fut arrivé et qu’elle vit tomber la première neige, elle devint pâle comme cette neige, tressaillit et s’écria douloureusement : — Ah ! la neige !!!

J’étais seule avec elle, je lui demandai pourquoi cette exclamation pénible ; elle me répondit :

— Je ne sais pourquoi tout à l’heure cela m’a fait mal de voir tomber la neige. Maintenant cela m’est indifférent.

Je lui demandai si la pensée des malheureux qui souffraient du froid n’avait été pour rien