pour elle que mademoiselle de Lostange, orpheline et sa parente éloignée.
Au bout de quelques jours Emma fut en confiance avec moi, je pus admirer les trésors de cette âme ingénue. C’était un cœur si sincère, si droit, si répulsif à tout ce qui était en désaccord avec son élévation naturelle, que jamais Emma n’a compris certains vices et certains défauts.
Les mauvaises actions étaient pour elle des effets sans cause, de monstrueux accidents ; les odieux calculs, les instincts désordonnés qui amènent une bassesse ou un crime, dépassaient son intelligence complètement et adorablement bornée à l’endroit des passions : Emma était une exception aussi rare dans son espèce que l’étaient mademoiselle de Maran et Ursule dans la leur.
Je ne fus pas longtemps à deviner la cause de la vague tristesse qui semblait augmenter la mélancolie d’Emma… La pauvre enfant regrettait sa mère qu’elle avait perdue au berceau, lui avait-on dit. Sa reconnaissance pour madame de Richeville était tendre et sincère,