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été de la majesté, si on pouvait appliquer ce mot à une jeune fille de seize ans, dont les grands yeux d’azur, dont le frais sourire révélaient la candeur enfantine.

Ce soir-là, comme toujours, Emma s’occupait des soins du thé et l’offrait avec des distinctions de prévenance dont quelques-unes me touchèrent. Ainsi, après avoir présenté une tasse à la princesse d’Héricourt, qui l’accepta, elle trouva le moyen, en s’inclinant légèrement, de baiser la main de la princesse au moment où elle allait toucher la soucoupe. Se rappelant sans doute que madame de Semur aimait le thé moins fort, elle eut l’attention de l’affaiblir. Si j’insiste sur ces puérilité, c’est que justement Emma savait leur donner la valeur des attentions les plus délicates.

Jamais je n’oublierai non plus le sourire mélancolique que madame de Richeville me jeta lorsqu’Emma lui dit de sa voix harmonieuse et suave : — Vous offrirai-je du thé, Madame ?

Hélas ! ce mot froid et indifférent, madame navrait cette pauvre mère ; il fallait se résigner… aux yeux du monde, sa fille n’était