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aimerions encore plus, et nous vous regretterions bien davantage.

Puis, comme je me défendais modestement de ces louanges, la princesse d’Héricourt me prit la main et me dit d’une voix profondément émue :

— Veuillez songer, Madame, qu’il peut y avoir à admirer chez une jeune femme autre chose que sa beauté, sa grâce et son esprit… et vous sentirez la distance qui existe entre une flatterie banale et un hommage sérieux et mérité.

Après ces présentations, je m’approchai d’Emma. Elle était vêtue d’une robe blanche très simple ; les épais bandeaux de ses magnifiques cheveux blonds ondulés dessinaient le fin et pur ovale de son visage d’albâtre rosé. Elle me parut d’une éblouissante beauté : à son passage à Maran, elle avait quatorze ans ; deux années de plus avaient accompli sa taille svelte et élancée comme celle de la Diane antique.

Je fais cette comparaison mythologique parce que les traits d’Emma comme ses moindres mouvements étaient empreints d’une grâce sérieuse, chaste et réfléchie, qui eût