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— Cela vous coûtera sans doute beaucoup — dit sévèrement sa mère.

Ce que je redoutais allait arriver ; Madame Sécherin, se sentant blessée devant moi dans sa dignité de mère, ne pourrait taire ce que la fatale préoccupation de son fils lui faisait souffrir depuis si longtemps.

Je jetai un regard suppliant à M. Sécherin pour l’engager à se modérer ; mais lui aussi était depuis longtemps aigri. Ma présence avait ravivé ses blessures. Je frémis en songeant que j’allais peut-être devenir la cause involontaire d’une scène affligeante.

Pourtant M. Sécherin baissa la tête sans répondre à sa mère, qui reprit d’une voix plus haute :

— Il serait d’un bon fils d’aimer sa mère au-dessus de tout.

— Quoi qu’il m’en ait coûté, j’ai fait ce que j’ai pu pour vous prouver ma soumission… ma mère ; je ne puis rien de plus — reprit froidement son fils.

— Voilà pourtant notre vie, Madame, telle que nous l’a faite l’infâme qu’il regrette encore — s’écria madame Sécherin. — Vous pouvez