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C’était pour elle, moi, que je voulais être riche. Elle le savait bien, mon Dieu !… Elle m’aurait fait faire tout ce qu’elle aurait voulu… Je suis sûr que j’aurais trouvé le moyen de doubler ma fortune, parce que cela lui aurait fait plaisir… et seulement pour voir son beau regard brillant et heureux, seulement pour la voir me remercier avec son joli sourire…

Puis portant brusquement ses deux poings fermés à ses yeux, il s’écria d’une voix sourde :

— Son regard, son sourire… je ne les verrai plus… non, plus jamais, jamais… je l’ai mérité, je n’ai pas eu le courage de lui pardonner… J’ai écouté la haine impitoyable de ma mère, je n’ai pas été un homme, j’ai agi comme un enfant, comme un fou…

Après avoir un instant marché avec agitation, il reprit :

— Pardon, pardon, ma cousine… Hélas ! voilà pourtant les jours que depuis deux ans je passe avec ma mère dans cette maison froide et muette comme la tombe… Dans la journée je marche… je vais sans savoir où je vais… et puis je rentre pour dîner… pendant tout le temps du repas, je regarde la place où elle