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rais ramenée à de bons sentiments… Car, voyez-vous, personne ne la connaît comme moi… — dit-il en essuyant ses yeux. — C’est bien plutôt sa tête que son cœur qu’il faut accuser.

— Mon cousin, je n’aime pas à accabler les absents ; mais votre femme m’a fait assez de mal pour que je dise ce que je pense, beaucoup moins pour récriminer le passé que pour vous aider à vaincre un indigne amour. Ursule est aussi fausse que méchante. Pendant dix années elle m’a haïe d’une haine implacable, et pendant dix ans elle n’a eu pour moi que des paroles d’hypocrite tendresse.

— Mais, après tout, elle n’aimait pas votre mari ! — s’écria-t-il sans me répondre. — Sans ma mère, je pouvais profiter de cet aveu pour lui pardonner et rompre cette liaison dès son commencement. Mais les femmes sont si implacables dans leur haine ! Ma mère n’a pas oublié qu’une fois je l’avais sacrifiée à Ursule… Oh ! elle s’en est bien souvenue… Et dût y périr le bonheur de ma vie ; dussé-je mourir de chagrin et elle aussi, il a fallu, pour assou-