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ses yeux, il cacha sa tête dans ses mains et tomba assis sur un banc de pierre en sanglotant.

Épouvantée de cet affreux amour, je restai muette…

— Tenez, je suis ridicule, je suis vil, je suis fou… je le sais — reprit mon cousin en essuyant ses yeux — mais, que voulez-vous ! c’est plus fort que moi… Accablez-moi, je le mérite, car je l’aime encore…

— Vous l’aimez encore ?

— Oui… c’est honteux, c’est horrible… je l’aime autant que je l’ai jamais aimée.

— Est-il possible, mon Dieu !

— J’ai beau me raisonner, j’ai beau me dire que sa conduite avec votre mari est mille fois plus coupable que si elle avait cédé à l’amour… j’ai beau me dire qu’il faut être profondément corrompue pour s’être donnée ainsi qu’elle s’est donnée… Eh bien ! sans ma mère… entendez-vous ? sans ma mère, vingt fois je serais allé tuer M. de Lancry ou me faire tuer par lui ; si je l’avais tué, je me serais jeté aux pieds d’Ursule pour tout lui pardonner… et je suis sûr qu’à force d’indulgence et de bonté je l’au-