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à cette criminelle… Oh ! j’ai bien souffert sans rien dire… Depuis deux ans… j’ai bien enduré… Autrefois il croyait à la vertu de cette femme, je comprenais à la rigueur qu’il me la préférât… mais après ce qui s’est passé… qu’elle lui tienne encore autant au cœur… tenez… il faut que je le dise à la fin… cela m’indigne… cela m’offense…

— Vous vous méprenez peut-être — lui dis-je ; — l’on peut éprouver longtemps de la colère, de la haine contre ceux qui vous ont trompé, sans pour cela subir encore leur influence. Les cœurs généreux sont surtout susceptibles de ces profonds ressentiments, la trahison leur est d’autant plus cuisante que leur confiance a été plus aveugle…

— Bénie soit toujours votre venue — me dit madame Sécherin en essuyant ses yeux, — j’ai pu vous dire ce que je n’ai dit à personne, car depuis deux ans mon cœur s’emplit d’amertume. Fasse le ciel qu’il ne déborde pas, et que mon fils ne sache jamais le mal qu’il me fait… Pourtant, il se pourra bien que j’éclate à la fin ! il pourra venir un moment où je ne saurai plus me contenir.