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succédé le calme… Calme triste, il est vrai, mais qui est presque du bonheur, si je le compare à tout ce que j’ai ressenti… Courage donc, bonne mère… courage… vous touchez peut-être au terme de vos peines… Comme votre fils, je suis victime de cette femme… Un mépris glacial a remplacé ma haine… L’heure n’est pas loin où votre fils éprouvera comme moi…

Madame Sécherin secoua tristement la tête et me répondit, hélas ! je dois l’avouer, avec un bon sens qui m’effraya :

— Ce n’est pas la même chose… Votre mari était de votre condition… C’était pour vous un homme ni au-dessus ni au-dessous de ceux que vous aviez l’habitude de voir… Cela vous manque moins à vous, tandis que mon pauvre enfant n’avait jamais connu de femme qui, en apparence du moins, pût être comparée à cette misérable.

Puis, recouvrant un éclair de son ancienne énergie, madame Sécherin s’écria :

— Mais cette infâme, dans son affreux orgueil, aura donc deviné juste en me prédisant avec son audace de Lucifer qu’on n’oubliait