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Sécherin une vie si malheureuse en songeant aux insurmontables regrets de son fils, que je ne pus que prendre la main de cette pauvre mère entre les miennes en attachant sur elle un regard désolé.

— Je patientais toujours — reprit-elle ; — je me disais : Les regrets que lui laisse cette horrible femme ne pourront pas durer… Je priais le bon Dieu de toucher mon fils de sa grâce et de le ramener à moi… Je fis dire des messes à sa patronne… Hélas ! tout fut inutile… tout… Plus j’allais… plus je voyais que je n’étais plus rien… que je ne pouvais plus rien pour mon fils — ajouta-t-elle d’une voix entrecoupée de sanglots ; — mais je n’osais rien lui en dire : il était déjà si malheureux ; j’attendais toujours… Quelquefois, pour me contenter, il prenait un air moins triste… Une fois le malheureux enfant voulut sourire… Je fondis en larmes, tant son triste et doux sourire était navré, et je me promis bien de ne plus le contraindre ainsi… Devant Dieu, qui m’entend, je vous le jure, jamais je ne lui ai reproché son chagrin ; seulement… peu à peu cela m’a découragée, accablée… Le voyant