Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur… Aussi, dans les premiers temps, je ne me désespérais pas… si quelquefois il me répondait avec humeur ou avec impatience quand je lui reprochais son découragement, je me disais : Plus tard il me reviendra… Je faisais de mon mieux pour tâcher de le consoler, pour le calmer, pour le distraire ; mais je ne réussissais pas… Je lui faisais faire les plats qu’il aimait, il ne mangeait pas. J’avais demandé à la ville des livres bien intéressants ; malgré la faiblesse de ma vue… je lui faisais la lecture… il ne m’écoutait pas… Je voulus attirer ici de ses amis ; il les reçut si mal qu’ils n’osèrent plus revenir. Malgré mon âge je lui ai proposé de nous en aller voyager ; il a refusé. Quoique cette maison soit sacrée pour moi, et que je veuille y mourir comme mon mari y est mort ; craignant que ces lieux ne lui rappelassent trop de mauvais souvenirs, je lui ai proposé d’habiter ailleurs, qu’importait cela… il a refusé… toujours refusé comme il refuse tout ce que sa mère lui offre — ajouta-t-elle avec amertume.

Il y avait une si profonde douleur dans ces plaintes naïves, j’entrevoyais pour madame