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Non, non, ce n’est pas de l’indignation qu’éprouve mon fils… L’indignation éclate, tempête, cherche avec qui maudire ceux qui l’ont causée… Enfin après l’indignation vient le mépris, et, plus tard, l’oubli… Eh bien ! le malheureux n’a pas oublié… n’a rien oublié.

— Attendez, attendez… encore. Mon cousin en est déjà au mépris sans doute, bientôt viendra l’oubli… Croyez-moi, s’il est profondément chagrin… c’est que, dans une âme généreuse, le mépris est cruel.

Madame Sécherin secoua tristement la tête et me dit :

— Hélas ! vous vous méprenez ! Plût au ciel qu’il eût du dédain pour elle… Mais je l’ai deviné.

— Que dites-vous ?… — La vérité… je l’ai deviné, vous dis-je ; aussi il a honte, il me fuit… il s’isole… Pendant les premiers temps de son chagrin, j’ai compris que mon fils voulût être seul. Je me disais que, par tendresse pour moi, il ne voulait pas me laisser voir ce qu’il souffrait. Car vous ne savez pas ce que c’était que son chagrin…