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tant de tact et tant de dévouement : vous êtes l’amie intime de madame de Richeville, presque la sœur de cette pauvre enfant ; la dernière chance qui la rattache à la vie ne peut être confiée à des mains plus sûres et plus dévouées… À ce soir donc, Madame, je reviendrai.

Après avoir ordonné quelques prescriptions, il sortit.

Une des femmes de madame de Richeville vint me prévenir que la duchesse était toujours dans un état nerveux et déplorable.

Je lui dis de retourner auprès de sa maîtresse, qu’Emma sommeillait.

Et je restai seule…

Seule avec cette malheureuse jeune fille, qui, dans son innocence, me portait le coup le plus cruel qui pût m’atteindre…

Ô mon Dieu, vous le savez, je tombai à genoux auprès de ce lit funèbre, je vous suppliai avec ferveur de chasser de moi les détestables pensées, les instincts homicides… oui, homicides… car quelquefois on tue par la parole ou par le silence comme on tue avec le fer.