Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/366

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cry que mademoiselle Emma de Lostange se meurt d’amour pour M. le marquis de Rochegune… »

… Il en est de certaines émotions morales comme de certains faits physiques : un coup violent vous frappe à la tête, vous renverse ; on ne ressent rien d’abord, qu’une profonde commotion… un vertige douloureux pendant lequel toute pensée s’éteint. Vous tombez en ayant seulement la vague conscience d’un grand péril…

Il en fut ainsi pour moi de cette foudroyante révélation.

Je reçus au cœur un coup affreux, mes idées se troublèrent dans un pénible étourdissement ; pendant une seconde je ne vis plus rien, je n’entendis plus rien.

L’appartement était si obscur que le médecin ne s’aperçut pas de l’altération de mes traits ; il continuait de parler :

— Je n’ai pas besoin de vous dire, Madame, que les dix mille francs ont été immédiatement envoyés aux hôpitaux ; mais enfin, à des yeux prévenus, ne pouvais-je pas sembler servir je ne sais quel intérêt mystérieux en révé-