Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/363

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

affections de langueur causées par de secrets chagrins du cœur. Souvent j’ai été sur le point de vous exprimer mes doutes ; mais madame la duchesse et vous, Madame, en me parlant sans cesse de l’extraordinaire franchise de cette jeune personne, vous avez éloigné cette idée…

Après avoir de nouveau réfléchi, ne trouvant véritablement rien qui pût justifier les soupçons de M. Gérard, je lui répondis :

— Non, Monsieur, je ne puis supposer à Emma aucun amour contrarié ; et je m’étonnerais même que cette pensée vous fût venue, si, comme moi, vous saviez qu’Emma est d’une candeur, d’une ignorance pour ainsi dire enfantines. D’ailleurs il lui eût été impossible de cacher un tel secret, soit à madame de Richeville, soit à moi.

— Cette candeur, cette ignorance enfantines, Madame, loin de détruire mes convictions, les augmenteraient encore.

— Comment donc cela, Monsieur ?

— Peut-être ignore-t-elle elle-même le penchant qu’elle ressent. En vous rappelant ses confidences, ses révélations, Madame, ne vous