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sans regard étaient à demi-fermés sous leurs longues paupières qui jetaient une ombre transparente sur ses joues déjà creusées par la maladie : quelquefois ses lèvres s’agitaient faiblement ; elle tenait ses deux petites mains croisées sur son sein virginal dans une attitude pleine de grâce et de modestie.

Je n’avais pas vu Emma depuis deux jours ; je fus épouvantée du changement de ses traits.

Madame de Richeville, agenouillée à son chevet, la serrait dans une étreinte convulsive et couvrait de larmes et de baisers ses yeux, ses joues, son front, ses cheveux.

Une de ses femmes, étouffant ses sanglots, était à demi-penchée sur le lit, tenant une tasse à la main.

— Grand Dieu ! qu’y a-t-il ? — m’écriai-je en courant à madame de Richeville et m’agenouillant près d’elle.

Elle ne répondit rien et redoubla ses caresses.

Je saisis la main d’Emma, elle était sèche et brûlante ; sa respiration haute semblait pénible, oppressée, et causait surtout les alarmes de madame de Richeville.