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après tout, le bonheur du reste de ma vie, je lui devrais ce radieux avenir que j’avais été sur le point de sacrifier.

Jamais je ne me sentis l’esprit plus ferme, plus net, plus calme, plus décidé qu’après cette violente secousse ; jamais je n’avais pris une détermination plus prompte.

Je ne m’aveuglai sur rien, je ne reculai devant aucune prévision si désolante qu’elle fût.

Je me supposai forcée d’habiter avec M. de Lancry jusqu’au moment de mon procès ; j’étais sûre de supporter fermement cette épreuve, soutenue par la certitude du bonheur qui m’attendait ensuite.

J’allai plus loin : je supposai mon procès perdu, et M. de Lancry maître de mon sort.

Mais alors cette injustice était si flagrante, le jugement de la société, résumé par ce verdict, était d’une partialité si révoltante, que je ne me croyais plus tenue à aucun respect, à aucun devoir envers cette société si monstrueusement partiale… je confiais mon avenir et ma vie à la tendresse de M. de Rochegune.

Cela sans remords, cela sans crainte, cela à