Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/353

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment en parallèle ma conduite et la sienne.

Il y avait désormais entre lui et moi une si grande distance que je finis par avoir pitié de mes scrupules.

La marche que j’avais à suivre et que je résolus de suivre était bien simple ; plaider en séparation de corps et de biens contre M. de Lancry ; cette séparation obtenue, suivre les vœux de mon cœur et m’en aller dans quelque retraite ignorée, attendre M. de Rochegune et lui consacrer le reste de ma vie.

Une séparation légale, complète, était une sorte de divorce ; je me considérais comme absolument libre.

Sans doute il eût été plus héroïque de continuer le rôle d’abnégation sublime auquel je m’étais condamnée ; mais en définitive, je me trouvais stupide de pousser à ce point l’exagération de mes devoirs.

Jamais je n’aurais de moi-même provoqué une séparation ; et ainsi peut-être j’aurais éternisé mes scrupules ; mais M. de Lancry me mettait dans cette extrémité : bien qu’elle me fût pénible sous certains rapports, je l’accueillis cependant avec joie ; car je lui devrais,