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pas été autrement nécessité, j’aurais, je crois, profité des offres de madame de Richeville seulement pour ne pas la blesser par un refus qu’elle aurait pu défavorablement interpréter.

J’avoue aussi que la séduisante peinture de l’intimité dans laquelle elle vivait avec des personnes dont j’avais toujours entendu vanter l’esprit et le caractère entra pour quelque chose dans ma résolution. Au moment de commencer une vie nouvelle, j’éprouvais cependant quelques regrets d’abandonner ces lieux où j’avais tant souffert ; j’avais fini par trouver une sorte de torpeur bienfaisante comme le sommeil dans l’engourdissement qui avait succédé à mes agitations… Savais-je ce que me réservait l’avenir ?

La crainte de rencontrer à Paris mon mari ou Ursule n’avait été pour rien dans ma détermination de vivre solitaire. J’éprouvais pour M. de Lancry une indifférence méprisante, pour ma cousine une aversion profonde ; mais j’avais assez la conscience de ma dignité pour être certaine qu’à leur rencontre et malgré leur effronterie mon front ne pâlirait pas.

Du moment où mon mari m’avait abandon-