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pas un reproche… Un impatient mépris, voilà tout ce que ma présence vous inspire après plus de trois ans de séparation.

— S’il en est ainsi, Monsieur, vous sentez que j’ai hâte de finir cet entretien, dont je ne comprends ni le but ni le motif.

— Je conçois parfaitement cet empressement, quoiqu’il soit aussi peu flatteur que peu… moral et… conjugal ; car enfin, ma chère amie… vous êtes ma femme… n’oubliez donc pas cette circonstance, tout insignifiante qu’elle vous semble peut-être.

— Grâce au ciel, Monsieur, je l’ai oublié ; il faut votre présence pour me le rappeler.

— Et il suffira de mon absence pour effacer de nouveau cet importun souvenir, n’est-ce pas ?… Fort bien, je comprends votre silence. C’est une réponse comme une autre ; mais heureusement, Madame, je n’ai pas les mêmes facultés oblitatives : excusez ce barbarisme. Moi, je me souviens parfaitement que je suis votre mari, surtout en vous voyant si charmante ; aussi je viens vous demander pardon de vous avoir négligée si long-temps…

— Il est inutile, Monsieur, de me deman-