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Je n’osais pas avancer ; je croyais rêver : M. de Lancry vint à moi.

— Quel accueil après une si longue séparation ! — me dit-il en voulant me prendre la main.

Je me reculai brusquement ; il sourit d’un air ironique.

— Ah çà ! mais… c’est donc tout à fait de l’aversion… ma chère !

Ces mots excitèrent à la fois mon indignation et mon courage ; je m’avançai d’un pas ferme au milieu du salon :

— Que désirez-vous, Monsieur ?

— Oh ! je désire beaucoup de choses ; mais comme cela serait fort long à vous expliquer… veuillez d’abord vous asseoir…

— Monsieur…

— À votre aise… restez debout…

Et il s’assit.

Après quelques moments de silence réfléchi, il releva la tête et me dit :

— Avouez, ma chère amie, que je suis un mari commode et peu gênant.

— Vous n’êtes pas venu ici pour railler misérablement, Monsieur… Vous avez sans doute