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que la sienne, un savoir à la fois plus universel, plus modeste et plus piquant dans son expression ? Et que de talents variés ! Et surtout quel caractère ! en est-il un plus doux, plus égal, plus gai, de cette gaîté qui exprime la sérénité d’une belle âme ? Enfin, en lui que de ressources ! Avant votre retour, j’ai quelquefois passé des heures entières avec lui et Emma ; il nous laissait encore plus émerveillées à la fin de l’entretien qu’au commencement : on passerait des jours, des années près de lui, sans ressentir, je ne dirai pas un moment d’ennui, mais sans ressentir diminuer un moment l’intérêt qu’il inspire… Après cela, il faut tout dire, dans ces longues soirées il parlait sans cesse de vous et nous disait gaîment : « Je ne cause jamais mieux qu’avec vous, parce que vous aimez et admirez aussi madame de Lancry ; et comme elle est presque toujours au fond de ma pensée, vous me comprenez à demi-mot, nous parlons pour ainsi dire la même langue. »

— Je le reconnais bien là — lui dis-je en rougissant — et vous aussi mon amie, qui, comme lui, parlez toujours le noble langage de