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service de mère, et que je vous ai accueillie avec sécheresse… avec dureté… que j’ai osé insulter à ce qu’il y avait d’admirable dans votre démarche… Oh ! tenez, mon amie, de ma vie je ne me pardonnerai de vous avoir alors méconnue. Ce sera pour moi un remords éternel.

— Et pour moi aussi, pauvre chère enfant, car si vous m’aviez écoutée… vous seriez aujourd’hui madame de Rochegune… Je sais que le sort a fait que vous êtes bien près de la destinée que moi et ce pauvre M. de Mortagne nous avions rêvée pour vous ; mais, ma noble et courageuse Mathilde… je sais aussi l’immense différence qui existe entre l’amour tel que vos devoirs, votre fermeté vous l’imposent, et la vie enchanteresse qui vous attendait auprès de M. de Rochegune. Maintenant que vous pouvez l’apprécier comme moi, mieux que moi — ajouta-t-elle en souriant — avouez qu’il est surtout l’homme de l’intimité : n’est-ce pas que c’est là seulement qu’on peut connaître tout le charme de son caractère, de son esprit ? car c’est seulement dans l’intimité qu’il consent à user des merveilleux avantages dont il est doué. Est-il alors une conversation plus attachante