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mari, mais cet infâme Lugarto, mais cette femme indigne qui le lui a vendu, le possèdent, ce secret ; d’un moment à l’autre ce coup peut m’atteindre ?

— Ne prévoyez pas le malheur de si loin, mon amie, vous allez me trouver bien optimiste, mais, en y réfléchissant davantage, je pense qu’il vaut mieux que ces vagues soupçons se soient peu à peu éveillés dans l’esprit d’Emma ; peut-être notre salut est-il là. Sans doute alors on pourra, on devra peut-être lever avec ménagement le voile qui couvre sa naissance, et prévenir ainsi une brusque révélation qui… je le crains, et je dois vous l’avouer, mon amie… serait dangereuse pour elle.

— Mathilde, vous êtes mon ange tutélaire ; vos paroles, remplies de tendresse et de raison, vont à la fois à l’esprit et à l’âme… Je crois votre avis plein de sens… Oui, il serait peut-être possible, avec la plus grande circonspection, de la préparer à cet aveu et d’en amortir l’effet. Alors, oh ! alors, je serai trop heureuse de pouvoir lui dire, ma fille… Oh ! mon Dieu ! Mais non… non… une telle félicité