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duirait sur elle une révélation pareille… je crois qu’elle a des soupçons, peut-être… mais non pas une certitude… qui aurait causé en elle une secousse violente.

— Mathilde, vous voulez me rassurer ; au nom du ciel parlez-moi franchement.

— Ma pauvre amie, je m’adresse à votre raison. Vous connaissez comme moi le cœur d’Emma ; nous avons, naguère encore, analysé cette franchise si impérieuse chez elle qu’elle épanche toutes ses impressions à mesure qu’elles lui viennent, sans même prévoir où elles tendent. Et bien ! croyez-vous qu’il lui soit possible de vous cacher un secret d’une telle importance, de dissimuler les agitations qu’elle en ressentirait ?… Et, tenez, maintenant je vais plus loin : il se pourrait que l’instinct de son cœur eût suffi pour éveiller en elle de vagues soupçons qu’elle ne s’explique pas encore…

— Mais, il n’importe ; pour être éloigné, le danger n’en est pas moins menaçant ! — s’écria madame de Richeville. — Si ce secret n’appartenait qu’à vous et à moi ou à M. de Rochegune, je n’aurais aucune crainte ; mais mon