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J’envoyai plusieurs fois Blondeau savoir de ses nouvelles, la journée se passa assez paisiblement.

Le lendemain de très bonne heure, madame de Richeville entra chez moi ; je fus frappée de l’altération de ses traits.

— Grand Dieu… qu’avez-vous ? — lui dis-je.

— Emma m’inquiète au dernier point — me répondit-elle ; — j’ai passé la nuit près d’elle… Tout-à-l’heure, elle vient de s’assoupir un peu ; je profite de ce moment pour venir… pour venir pleurer auprès de vous ! — s’écria-t-elle en ne pouvant plus contenir ses larmes — car devant elle je n’ose pas… — Et la pauvre mère se mit à sangloter.

— Mais rassurez-vous — lui dis-je — il ne peut y avoir rien de sérieux dans l’indisposition d’Emma. Hier que vous a dit votre médecin ? Il n’en est pas de plus habile et de plus sincère…

— C’est justement parce qu’il est très habile, et qu’il m’a avoué son ignorance au sujet de la maladie d’Emma, que je suis horriblement effrayée ; il ne trouve aucune cause apparente à la langueur qui accable de plus en plus