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M. de Rochegune était le type des hommes de cœur, de courage et de loyauté chevaleresque. Il n’avait pourtant pas hésité un moment entre son amour et l’éloignement de ses amis… entre sa passion et ma honte…

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Ces résolutions, tour-à-tour faibles et héroïques, avaient duré plusieurs jours.

Le départ de M. de Rochegune m’accablait, m’ôtait beaucoup de ma force. Cette absence me donnait une douloureuse idée de ce que serait ma vie sans lui.

J’en étais déjà venue à ne plus admettre cette hypothèse, j’aurais consenti à tout plutôt que de le perdre ; j’espérais seulement obtenir de lui d’essayer encore de vivre près de moi comme par le passé, de tâcher de se vaincre, dussions-nous pendant quelque temps renoncer aux douceurs de notre habituelle intimité.

Une fois placée dans l’alternative de le perdre ou de le suivre, que résoudre ? le désespérer… lui toujours et depuis si longtemps dévoué… lui que j’aimais, que j’aimais de toutes les forces de mon âme… Le désespérer…