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tôt j’y puisais une nouvelle force pour lui résister… Notre position à tous deux me semblait si magnifique, que je ne pouvais me résoudre à la perdre.

Mais alors je comparais malgré moi les enchantements d’une vie amoureuse et ignorée aux sacrifices que m’imposaient cette brillante couronne de pureté, cette souveraineté de vertu, cette éclatante majesté du renoncement.

Oh ! alors il me semblait insensé de préférer un vaste et froid palais de marbre et d’or que l’on occupe seule… à une délicieuse retraite où l’on cache un amour heureux au milieu de la verdure et des fleurs…

Hélas ! il faut être femme pour comprendre ces terribles luttes de la passion et du devoir.

Les hommes ne les subissent jamais ; leurs cruelles alternatives se réduisent à obtenir ou à ne pas obtenir… tandis que ce n’est souvent qu’après de douloureuses anxiétés, qu’après d’affreux tourments, que nous accordons ce que nous désirons le plus d’accorder.

Les hommes ressentent ces terribles angoisses lorsqu’il s’agit de leur honneur, jamais lorsqu’il s’agit du nôtre.