Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je crois qu’en réfléchissant aux suites cruelles que…

Il m’interrompit.

— La réflexion, la volonté sont — dit-il — impuissantes à contenir, à dissimuler un sentiment aussi violent… à chaque instant d’ailleurs me remarquera-t-on pas entre nous une contrainte, une réserve affectée, qui ne contrastera que trop avec notre abandon habituel ?

— Peut-être… mon ami, et en vous observant bien… et puis, laissez-moi espérer… que cette exaltation passagère se calmera, que vous, si courageux, vous vaincrez ce fol enivrement.

— C’est parce que mon caractère était ferme et courageux, Mathilde, que je sens mieux encore l’irrésistible puissance du sentiment qui me domine… mais c’est aussi parce que je suis ferme et courageux… — Puis il hésita.

— Parlez, mon ami.. parlez…

— Eh bien, c’est parce que je suis courageux que j’aurai la force de prendre le seul parti qui puisse nous sauver tous deux !

Puis, les lèvres contractées par le désespoir, il dit d’une voix altérée :