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— Mathilde — s’écria-t-il en cachant son visage dans ses mains — pardonnez-moi… je suis insensé !

Quelques minutes me suffirent pour calmer mon émotion ; je lui dis le plus froidement qu’il me fut possible :

— Vous êtes insensé en effet de croire que je m’exposerai jamais à rougir de vous et de moi.

Il jeta sur moi un regard désolé, puis il s’écria d’un ton déchirant :

— Ah ! vous ne m’aimez pas comme je vous aime…

Et il pleura.

Je l’avoue, ô mon Dieu ! si j’eus la force de ne pas le détromper, de ne pas lui dire que je partageais sa folle passion… ses idées justes ou injustes, élevées ou coupables, c’est qu’en ce moment même je prenais la résolution de fuir avec lui, si, après une dernière et courageuse épreuve, je ne pouvais vaincre ce funeste entraînement.

Pour me réserver toute liberté d’agir, je devais alors lui ôter tout espoir et le rendre ainsi,