Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/304

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je ne sais, mais j’en suis sûr : encore une fois, Mathilde, je vous dis que quoi qu’il paraisse, cet amour est noble et grand s’il en fut jamais ; je vous dis que l’avenir le prouvera.

L’accent, la physionomie de M. de Rochegune exprimaient tant de foi dans ce qu’il disait, je me sentais aussi moi-même si fatalement persuadée que notre amour devait avoir de brillantes destinées, que malgré ma résolution de rester froide et réservée, je ne pus résister à un mouvement d’entraînement, et je m’écriai :

— Oui, oui, je vous crois, ce que vous dites là, je le sens, il me semble que vous traduisez les plus secrets mouvements de mon cœur !

— Mathilde !… — s’écria-t-il en tombant à mes genoux et en prenant mes mains dans les siennes avec un mouvement d’adoration passionnée — oh ! venez… Fuyons alors… Venez… venez… mon amie, ma sœur, ma maîtresse, ma femme…

Ces mots, les regards enivrés de M. de Rochegune, tout me rappela à moi-même ; je me levai brusquement…