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honteusement et nous cacher comme des criminels.

— Oh ! vienne ce jour bienheureux, Mathilde, et jamais mon front n’aura été plus fier… plus justement fier !

— Pouvez-vous parler ainsi ! et la honte… et le déshonneur pour moi ?

— Le déshonneur ! n’êtes-vous pas libre ? Le monde n’a t-il pas lui-même prononcé une sorte de divorce moral entre vous et votre mari ? Votre position peut-elle être comparée à celle d’aucune autre femme ?

— Oui, aujourd’hui, à cette heure encore, je ne puis être comparée à personne ; mais que j’oublie mes devoirs, et demain je serai, comme tant d’autres, une femme qui se venge des tromperies de son mari en le trompant à son tour. Bien plus, après avoir eu l’insolente audace de me poser en femme supérieure aux faiblesses humaines, je serai renversée de cet orgueilleux piédestal au milieu des mépris universels…

— Et où vous atteindront-ils, ces mépris ? Venez… oh ! venez, Mathilde, mon amour vous en défendra… le bonheur vous vengera…